Un livre sur les religions pour "les enfants et prof de classe" fait par une société religieuse...
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[Source: Tribune de Geneve]
La Tribune de Genève - teste le futur Centre dinformation sur les dérives sectaires (01/11/2001)
PRÉVENTION - Huit situations types ont été soumises au président du conseil de fondation.
PIERRE-ANTOINE PRETI
Tirabosco
Un Centre dinformation sur les dérives sectaires (CIC) souvre à Genève en janvier prochain. Pour mieux comprendre le fonctionnement de ce dernier, la Tribune a voulu le tester. Elle sest rendue dans les locaux du Groupement de protection de la famille et de lindividu (GPFI). Depuis 1994, cette association fonctionne pratiquement sans subvention. Tenue à bout de bras par François et Paulette Lavergnat, elle recueille entre 3 et 5 appels de victimes de dérives sectaires par semaine. Les configurations les plus fréquentes, rencontrées lors des sept ans de pratique du GPFI, ont été exposées à lavocat François Bellanger, le président du conseil de fondation du CIC. Voilà huit situations types et les réponses que le futur centre apportera au citoyen.
Un maître dapprentissage est inquiet. Son apprenti, majeur, a brutalement changé de comportement. Il est de plus en plus agressif. Le responsable se rend compte que son employé vient dêtre embrigadé dans une secte. Il contacte le CIC.
F.B.: Si la secte est connue, nous allons expliquer à ce monsieur quelle doctrine elle utilise et, le cas échéant, quels types de problèmes cela peut poser à lapprenti. Nous lui fournirons aussi un "Guide des droits face aux dérives sectaires". Sil veut aller plus loin, il sera dirigé vers les autorités concernées ou vers une association daide aux victimes.Une femme est en cure de désintoxication en France voisine. Elle a choisi un centre affilié à une secte. Mais la méthode tourne au vinaigre. On lui prend ses effets personnels, son argent. Dégoûtée, la dame senfuit et prend immédiatement contact avec le CIC.
F.B.: Un cas de vol est une affaire de Police. La plaignante doit rapidement être guidée dans cette voie. Si la secte nest pas connue en Suisse, nous disposons de relais dinformation sur le territoire français.Une fille de 21 ans va se marier en blanc avec un inconnu. Son père soppose à cette union. Il affirme quil sagit là dune demande dun groupement religieux dont la future mariée fait partie. Il veut savoir de quelles armes légales il dispose.
F.B.: Le rôle du centre nest pas dinformer juridiquement. On orientera le papa vers une permanence juridique ou une autre autorité qui pourrait linformer. Le centre nest pas non plus un organe de lutte. Il se doit de rester neutre.Une professionnelle du chant perd lusage de ses cordes vocales à la suite dun traitement "de purification". Elle impute ce dégât au groupement religieux qui organise lesdites séances. Elle désire entamer une procédure légale mais ne sait pas à qui sadresser.
F.B.: En cas datteinte à lintégrité corporelle, la victime sera immédiatement guidée vers le Centre daide aux victimes dinfractions (LAVI).Un adulte subit une cure de désintoxication musclée dans un cadre sectaire. Ses proches remarquent quil est victime de coups et de blessures. Ils cherchent à le protéger malgré lui.
F.B.: La présence de coups et de blessures justifie une intervention. Les plaignants doivent immédiatement être guidés vers un service de Police.Après sêtre arrachée dune secte contre le gré des autres adeptes, une personne est victime de téléphones anonymes et de vandalisme. Elle se sent également suivie. Elle veut être protégée.
F.B.: Le témoignage de cette personne sera recueilli. Il peut être utile dans létablissement de nos dossiers. Elle sera dirigée vers la Police ou une association daide aux victimes de dérives sectaires.Un chef dentreprise sapprête à engager un employé. Mais une rumeur court autour de ce dernier. On dit quil est "adepte dune secte". Le patron veut en avoir le cur net avant de signer le contrat.
F.B.: Si la secte est nommée, le patron sera renseigné sur la doctrine et les pratiques de cette dernière. Mais à aucun moment il ne pourra obtenir une liste dadeptes. De toute façon, nous ne disposons pas de telles informations. Notre rôle nest pas de ficher les mouvements.Une patiente met en doute la probité de son sophrologue. Ses méthodes de travail sont étranges. Il lui a récemment proposé une thérapie de groupe. Elle a peur dêtre dans lantichambre dune secte.
F.B.: A laide dun dépliant, on peut tenter didentifier le type de risque. Si les abus sont flagrants et le praticien soumis à un organe de contrôle, la patiente peut déposer une plainte auprès du médecin cantonal.--------------------------------------------------------------------------------
COMMENTAIRE
Il ny a pas que les sectes à être sectaires
Jean-Noël Cuénod
Le Centre dinformation sur les dérives sectaires sera-t-il un "machin" étatique de plus? Le risque est bien réel.
Sil sagit de créer une officine qui se limiterait à la distribution de prospectus fort bien conçus au demeurant et au pilotage des victimes de la folie sectaire vers des services de lEtat, du pouvoir judiciaire ou des associations daide aux familles, alors le jeu nen vaut pas la chandelle; un poste de police ferait tout aussi bien laffaire.
Les deniers publics seraient bien mieux utilisés en subventionnant des groupements de victimes et en formant des policiers pour affronter ce phénomène qui est neuf comme la mode et vieux comme le monde.
Dailleurs, il ne faudrait pas que ce centre dinformation devienne un prétexte pour sabstenir de développer cette formation policière dont les massacres du Temple solaire ont démontré les lacunes criantes. En effet, il appartiendra, en premier lieu, à la police et à la justice de traiter les dérives sectaires dès lors quelles tombent sous le coup du code pénal. Sil devait servir doreiller de paresse, non seulement ce centre serait inutile mais encore, il se révèlerait nuisible.
Toutefois, le pire nest pas forcément certain. Un tel centre aurait toute son utilité sil développe une véritable politique dinformation sur les sectes, leurs caractéristiques, leurs méthodes, leurs moyens de financement, les obligations auxquelles les adeptes doivent se soumettre, entre autres. Il devrait aussi développer les conseils aux néophytes qui sintéressent à tel ou tel mouvement religieux, aux familles, aux professeurs, aux employeurs concernés afin de leur offrir des renseignements aussi complets et objectifs que possible. Un centre qui serait paré de ces vertus pourrait aussi devenir un interlocuteur efficace pour les policiers et les magistrats qui mènent leurs enquêtes dans ces milieux.
Cela dit, ce nouveau service risque fort davoir une guerre de retard. Pour ce que lon en sait, il semble sintéresser, en premier lieu, aux sectes proprement dites, cest-à-dire aux nouveaux mouvements religieux minoritaires. Or, lactualité nous démontre tous les jours que les religions les plus traditionnelles, les plus légitimes, les plus fournies en fidèles peuvent développer en leur sein des germes encore plus mortifères que ceux instillés par certaines sectes dapparence plus moderne et plus loufoque.
Toutes les grandes religions connaissent leurs dérives sectaires et fondamentalistes: les confessions chrétiennes, islamiques, le judaïsme, lhindouisme, le bouddhisme. Dailleurs, il existe aussi un intégrisme athée dont lAlbanie dEnver Hodja nous avait démontré quil était aussi oppresseur et sanglant quun autre. Cela ne détruit pas les messages quapportent ces traditions spirituelles ou philosophiques. Mais on ne saurait confiner le danger sectaire quaux seules... sectes !
La Suisse romande tient les dérives sectaires à lil (31/10/2001)
PRÉVENTION - Un centre dinformation, un livre et un dépliant mettent en garde le citoyen.
PIERRE-ANTOINE PRETI
Le fantôme de lOrdre du Temple solaire, âgé déjà de six ans, hantait les voûtes de la salle des fiefs de lHôtel de Ville. Cest face à une quinzaine de journalistes et sous légide du Département de justice et police et des transports (DJPT) qua été présenté, hier matin, le futur Centre intercantonal dinformation sur les croyances et les activités des groupements à caractère religieux, spirituel ou ésotérique (CIC). Le conseiller dEtat Gérard Ramseyer et lavocat François Bellanger ont décrit les caractéristiques de ce nouveau bébé romand, financé conjointement par les cantons de Genève, Vaud, du Valais et du Tessin. Son budget annuel de fonctionnement sélève à 260000 francs. La structure se veut souple et mobile, à limage de lévolution "des 150 à 180 mouvements" répertoriés en Suisse romande.
Cette nouvelle fondation sans but lucratif ouvrira ses portes le 2 janvier dans les locaux de feu le droit des pauvres, au boulevard Helvétique. Les deux collaborateurs engagés seront supervisés par un conseil de fondation composé de représentants des cantons et de spécialistes de la question.Le CIC a pour mission "de réunir et de diffuser de manière indépendante et neutre des informations sur la nature, les croyances et les activités des groupements à caractère religieux, spirituel ou ésotérique, les entreprises ou organismes qui leurs sont liés, ainsi que sur les dérives sectaires". Par "dérives sectaires", les initiateurs du projet comprennent "les actes illicites commis sous le couvert dune croyance, quelle quelle soit".
Pour appuyer cette démarche de prévention, un ouvrage intitulé "Vos droits face aux dérives sectaires" a été imprimé à 2000 exemplaires. Il est signé par François Bellanger, Marc Montini et Emmanuelle Pasquier. Il présente en termes simples, les caractéristiques dun groupe dit "sectaire", ses dérives possibles et les armes pénales à la disposition dun plaignant. Un dépliant présentant les douze signes dembrigadement les plus courants sera également tiré à plusieurs dizaines de milliers dexemplaires et mis à la disposition du public
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